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Ken Wilson est reconnu comme étant un pionnier
dans le mouvement vert en construction et en
design, et le chef de file de l’idée de « mieux-être »
à titre d’ingrédient actif de tout design commercial.
Son utilisation avant-gardiste de la lumière
et des matériaux naturels pour assurer le bien-être
physique des employés est si bien reçue
qu’on l’imite partout, ce qui est un éloge des plus
sincères. Fondateur d’Envision, une firme de
design multidisciplinaire qui a mis l’accent sur
la responsabilité environnementale, Ken Wilson est
maintenant associé principal de Perkins+Will, où
il est directeur du design d’intérieur au bureau de
Washington, D.C. Son travail a été reconnu dans
le monde entier, et a recueilli plus de 120 prix de
design nationaux et locaux. Le siège de l’American
Society of Interior Designers (ASID) de 8 500 pi2
(790 m2) à Washington, D.C. représente l’une de ses
réalisations les plus convaincantes, étant le premier
lieu au monde à obtenir les certifications LEED
Platine et WELL v1 Platine. M. Wilson a également
dirigé l’équipe de design responsable du nouveau
bureau du Conseil du bâtiment durable des É.-U.
Diplômé du College of Architecture and Urban
Studies de l’université Virginia Tech, il est l’un des
huit architectes des É.-U. à être à la fois membre
de l’American Institute of Architects (AIA) et de
l’International Interior Design Association (IIDA).
Il vit avec sa femme Sally dans le quartier Hollin
Hills d’Alexandria en Virginie.
i+D : Vous avez voyagé.
K. Wilson : J’étais récemment au congrès
Greenbuild à Boston. C’est un merveilleux endroit
pour rencontrer des gens. J’y vois toujours les
gens à qui je veux parler — architectes, designers,
promoteurs et entreprises.
i+D : Vous avez grandi dans le sud-ouest
du pays?
K. Wilson : Mon père travaillait comme
archéologue au service des parcs nationaux, et j’ai
passé une grande partie de mon enfance en Arizona
et au Nouveau-Mexique. Lorsque j’étais à l’école
secondaire, il est devenu archéologue en chef
pour le service des parcs et nous avons déménagé
à Washington. J’y suis depuis ce temps-là.
i+D : Le quartier dans lequel vous vivez a
récemment été inscrit au registre national
des lieux historiques.
K. Wilson : C’est une collectivité d’environ
450 maisons modernes du milieu du 20e siècle,
aux toits plats et aux grandes fenêtres. Et, c’est
presque la règle, personne ne tire les rideaux.
Plutôt intimidant, lorsque Sally et moi y avons
emménagé. Mais nous nous y sommes faits.
i+D : Vos enfants sont désormais grands
et ont quitté la maison?
K. Wilson: Ils ont terminé leurs études tous
les deux et ils travaillent. C’est bien de voir
qu’ils sont lancés dans la vie. Ils nous manquent.
Mais pas leur désordre.
i+D : Cela m’intrigue, le fait que, dans votre
design pour le siège de l’ASID, certains
corridors ne soient pas en ligne droite, mais
tournent à droite, puis à gauche, ce qui porte
à un autre niveau le concept biophilique de
l’intégration de la nature au design — ce que
vous avez décrit comme un « chemin sinueux ».
K. Wilson : Il s’agit en partie de créer quelque
chose d’inattendu dans un projet.
i+D : Pour réveiller les gens?
K. Wilson : Il y a bien des années, nous avons
réalisé le siège de la Society for Neuroscience.
Une chose que j’y ai apprise : nous avons toujours
avec nous des cartes mentales de nos expériences,
auxquelles nous nous référons tout le temps. C’est
ce qui nous permet de trouver les toilettes dans
un restaurant, parce que nous sommes allés dans
un millier de restaurants. Même chose pour les
bureaux. Vous sortez de l’ascenseur, vous arrivez
dans une zone de réception. La réceptionniste est
assise à un bureau et il y a une cloison derrière
elle. Il y a ici, des chaises, et là, un corridor bordé
de bureaux, et là-bas une salle de conférence.
Lorsque nous avons fait le siège de l’ASID, nous
avons pensé, d’entrée de jeu, qu’il fallait qu’il y ait
de l’imprévu. C’est ce qui distingue le bon design
du design moyen. Il est important dans cette
profession d’aller au-delà de la compétence pour
toucher à la créativité.
i+D : Quelle est la première chose que vous
avez conçue ou construite
K. Wilson : Des forts dans les arbres avec des
retailles de bois. Mais j’ai fait mon premier projet
de commande lorsque j’étais en troisième ou
quatrième année du primaire. Mais parents ont
acheté des matériaux afin que je puisse construire
une niche pour Sam, mon chien de secours. C’était
littéralement une histoire de sauvetage, parce que
je l’ai trouvé dans la cour de l’école et je l’ai ramené
à la maison. Sam a pleuré jusqu’à ce que mes
parents me laissent le garder, à condition que je lui
construise une niche. Il y avait une entrée abritée
du vent par laquelle Sam devait passer avant de
grimper dans sa maison.
i+D : Qui a été votre plus grande inspiration?
K. Wilson : C’était à peu près à la même époque
que lorsque ma mère m’a emmené à l’expo-sciences
d’une école secondaire. Je me rappelle avoir vu des
modèles et des plans de maisons, et avoir demandé
à ma mère ce que c’était. Elle m’a répondu : « C’est
ce que les architectes font lorsqu’ils conçoivent
des maisons. J’étais fasciné. Puis, elle m’a emmené
voir Taliesin West, la résidence d’hiver de Frank Lloyd
Wright, dans le désert près de Scottsdale, en
Arizona. Cela a été l’un des moments les plus
inspirants de ma vie.
i+D : Est-ce qu’une ampoule électrique
s’est allumée au-dessus de votre tête
lorsque vous avez pris conscience qu’il fallait
que l’architecture et le design deviennent
écologiques
K. Wilson : C’est arrivé progressivement.
À Washington, il existe trois grandes catégories,
le gouvernement, le droit et les organismes à but
non lucratif. J’ai fait beaucoup de travail avec
ces derniers, et cela m’a stimulé, car ces clients sont
axés sur une mission. Ils s’occupent de quelque
chose Ils ont une cause. L’un de mes premiers
projets était le siège de Greenpeace É.-U. en 1999.
Lorsque je travaillais avec eux, je me disais, « Ces
gens-là joignent vraiment le geste à la parole. »
i+D : Pouvez-vous donner un exemple
de client infernal?
K. Wilson : Les dirigeants d’une entreprise de
technologies en croissance rapide nous ont
demandé d’aller les rencontrer. Je leur ai expliqué,
comme je le fais toujours, que la durabilité et la
santé et le mieux-être étaient des éléments dont
ils devraient tenir compte dans leur projet.
Ils m’ont interrompu et m’ont dit, textuellement :
« On s’en [explétif] de la durabilité. Tout ce
qui nous intéresse, c’est de créer le plus de
millionnaires possible. »
i+D : Au moins, ils savaient ce qu’ils voulaient.
K. Wilson : Nous leur avons répondu : « Non,
ça ne nous intéresse pas. » Les clients infernaux
sont tout simplement ceux qui n’accordent pas
de valeur à nos services
i+D : Lorsque vous levez les yeux de votre
bureau, que voyez-vous?
K. Wilson : J’ai une fenêtre qui donne sur une
allée, de sorte que je vois le bâtiment qui se trouve
de l’autre côté, et lorsque je regarde vers le haut,
je vois le ciel.
i+D : Quel est l’aspect le plus difficile de la
gestion des personnes
K. Wilson : Vous devez définir les attentes. Vous
montrer encourageant. N’oublions pas que le talent
est un don de Dieu, mais que l’expérience, il faut
l’acquérir. Et vous devez aider les gens à combler
le fossé entre ces deux notions.
AMBROSE CLANCY
est rédacteur en chef du Shelter
Island Reporter et romancier,
auteur documentaire
et journaliste. Ses articles
ont été publiés dans GQ,
The Washington Post et le
Los Angeles Times.
i+D — novembre-décembre 2017 49
Profil ICONique : Ken Wilson — par Ambrose Clancy